Accueil Blog Un artiste engagé et engageant : rencontre avec Samuel Valensi

Nous avons eu le plaisir d’échanger avec Samuel Valensi, auteur et metteur en scène dans la compagnie la Poursuite du Bleu, à l’occasion du retour de sa dernière pièce de théâtre co-écrite et co-mise en scène avec Paul-Eloi Forget : Coupures. Celle-ci sera jouée au Théâtre de l’œuvre du 8 janvier au 30 avril 2023.

Samuel Valensi
Photo : @juneassal.photo

Parle nous de ta pièce Coupures

 

Coupures est une comédie satirique avec une mise en scène rythmée. C’est l’histoire d’un maire écolo, très engagé, qui se retrouve à accepter le déploiement d’antennes relais de dernière génération partout dans sa commune. De là, ses citoyens n’y comprennent rien et ils lui demandent des comptes à une réunion citoyenne. Le public joue le rôle des citoyens pour résoudre ce qu’il s’est passé et le maire va l’expliquer en nous plongeant, par flashback, dans son histoire. Durant la pièce, on alterne donc entre la réunion citoyenne, qui est le temps présent avec les spectateurs, et des moments de récit qui nous permettent de comprendre comment on en est arrivé jusqu’à cette situation. Cela va nous révéler tout ce qui coince dans notre démocratie.

Dans Coupures, on fait une mise en scène avec trois fois rien où un drap peut devenir un bébé, une nappe ou un élément de décor… C’est assez rapide en termes de traitement, c’est très cinématographique comme mise en scène. Et puis c’est un spectacle qu’on a créé en janvier 2022 au Théâtre de Belleville et qui a vécu une belle histoire. Assez rapidement, Alexis Michalik a vu le spectacle et a eu un gros coup de cœur. Il en a beaucoup parlé autour de lui donc on l’a repris en mai au Théâtre de Belleville. Puis il a été repris à La Scala Provence au Festival Off d’Avignon en juillet dernier. Et puis là on arrive dans cette magnifique salle du Théâtre de l’œuvre et on s’y installe pour 4 mois avec, en prime, la chance d’être éligibles aux Molières. C’est une très jolie histoire qui se raconte avec ce spectacle pour toute la compagnie.

 

 

Ce qu’il faut retenir de cette pièce…

 

Ces prochaines années, nous allons affronter plusieurs enjeux : les enjeux écologiques, les enjeux de sobriété dont on parle beaucoup en ce moment, les enjeux de déploiement des technologies aussi… On a pris le cas des antennes relais dans notre spectacle mais ça aurait pu être les éoliennes, les sites de déchets nucléaires, beaucoup d’autres choses. Ces enjeux vont forcément apporter des conflits entre nous, cela va nous demander de nous diviser. Cela demande un peu une réinvention de notre démocratie. C’est ça que j’ai envie de faire au théâtre : nous diviser, oui, mais ensemble.

 

Qu’est ce qui t’as amené à faire ce que tu fais aujourd’hui ?

 

C’est une somme de heureux et joyeux hasard, et surtout de rencontres. En résumé, j’ai commencé à faire du théâtre en parallèle d’HEC donc c’est vraiment dire à quel point c’est hasardeux tout ça. Je suis rentré dans la comédie musicale de l’école. Un jour j’ai rencontré Philippe Tesson qui dirigeait le Théâtre de Poche… parce que mon père soignait ses chats, mon père est vétérinaire. Encore un incroyable hasard. Puis petit à petit j’ai créé ma propre compagnie, j’ai rencontré des gens sur des spectacles et j’ai rapidement compris que le théâtre c’était un médium assez extraordinaire pour vivre une forme d’agora. Il nous permet aussi de créer un temps un petit peu à part pour donner à voir l’état du monde et mieux le comprendre, montrer l’humain, individu perdu dans l’immensité et aider les spectateurs à s’y retrouver au milieu de tout ça.

 

Une pièce de théâtre qui t’a particulièrement marquée…

 

Il y en a beaucoup, mais je crois que la pièce qui m’a le plus marquée dans ma vie c’est Le professeur Bernhardi, une pièce de Schnitzler. Elle a été montée il y a quelques années par Thomas Ostermeier. Je crois quen dans ce spectaclen il y a tous les éléments à la fois politique, moraux, intimes qui donnent vraiment à voir ce que le théâtre peut faire: comment est-ce qu’on peut s’attacher à un personnage malgré ses défauts ? Comment peut-on s’attacher à un personnage qui a tort ? Et du coup comprendre avec lui comment il avait tort et pourquoi il avait tort… C’est un spectacle qui m’a énormément marqué. Particulièrement sur la manière de faire arriver la morale de l’histoire.

 

Ton moment préféré lorsque tu travailles sur une pièce…

 

Mon moment préféré c’est celui où les idées émergent, que ce soit dans l’écriture ou dans la mise en scène. C’est le moment des petites trouvailles ! La bonne nouvelle c’est que ce moment n’est jamais totalement fini, il y en a toujours que ce soit au moment de l’écriture ou des répétitions. Un comédien, une comédienne va offrir une partition à laquelle on ne s’attendait pas. Le moment de la création lumière où d’un seul coup y a une idée géniale qui sort, le moment de la création musicale, et puis même pendant les représentations où un jour, par accident, on ne dit pas les choses comme on devait les dire et il s’avère que c’est encore mieux. Chaque jour on a une petite surprise et je crois que c’est ça mon moment préféré, c’est lorsqu’il y a une idée qui naît au plateau.

 

Avec qui travailles-tu ?

 

Je travaille avec un noyau dur de comédiens, d’artistes, de techniciens… Je suis assez famille en général donc j’ai vraiment recréé ça autour de moi. Je suis très attaché à l’équipe artistique avec laquelle je travaille. Depuis le début, c’est à peu choses près la même équipe sur chaque spectacle : Paul-Eloi Forget avec qui je travaille depuis 10 ans. On a nos automatismes, on écrit ensemble, on partage un cerveau à deux en fait ! Il y a ma compagne, June Assal, qui est avec moi au plateau… et joue… ma compagne. Et puis autour de moi il y a une équipe soudée avec Michel Derville que j’avais découvert dans Le Cercle des illusionnistes, Valérie Moinet avec qui je travaille depuis deux spectacles maintenant… Puis en production, en communication, en technique, j’essaye de toujours garder les mêmes éléments, c’est hyper précieux pour moi. Cela me donne envie de me lever le matin de savoir qu’on partage cette aventure et que ce n’est pas juste un spectacle qui marche, c’est aussi une aventure collective.

 

 

Parle-nous de l’engagement de ta compagnie, la Poursuite du Bleu

 

La compagnie est hyper engagée sur les enjeux écologiques à pleins d’égards. D’abord, chaque année on forme à peu près 500 jeunes dans des écoles de médiation culturelle telles que Science Po ou ICART. On forme aussi des milliers de professionnels tous les ans aux enjeux écologiques dans la culture. C’est vraiment quelque chose à laquelle je tiens.

La compagnie montre un gros engagement sur les méthodes de production. Pour donner quelques exemples, la régie alimentaire est totalement végétarienne et on n’achète pas de neuf. Les décors, les costumes, les accessoires, c’est de la récupération. On les déniche à La Réserve des arts, en friperie… ça prend plus de temps mais on est très fiers du résultat puisqu’on fait presque 0 émissions liées aux achats.

On travaille aussi sur la partie éco-conception des décors. Dans la vie d’un spectacle, ce sont les tournées qui émettent beaucoup de CO2 : les kilomètres parcourus, les masses déplacées, le nombre de véhicules sur les routes… Avec ma scénographe on travaille dès le début sur le décor pour qu’il ne mesure par plus de 5 mètres cube une fois démonté. On fait en sorte qu’il puisse rentrer dans le plus petit véhicule utilitaire possible. Cette initiative divise par 10 les émissions de CO2 par rapport à un spectacle classique. On est aussi en train de voir avec d’autres compagnies si on ne peut pas amener les décors de chacune en train au Festival d’Avignon, ce qui diviserait par 60 ou 70 les émissions de CO2 associés.

Lorsqu’on joue longtemps au même endroit, on crée aussi une monnaie locale. Nos spectateurs peuvent la dépenser dans des commerces qui vendent du bio, du local ou du vrac autour du théâtre. On est très actifs sur ces sujets-là et c’est important pour nous. Je ne pense pas que c’est à l’échelle de ma compagnie qu’on va changer le monde mais on voit bien qu’en s’impliquant, on donne envie à nos spectateurs ainsi qu’à d’autres compagnie d’agir. On montre que la sobriété n’est pas forcément quelque chose d’austère, on peut faire des spectacles très drôles et sobres. L’un n’empêche pas l’autre.

 

Une anecdote à nous partager ?

 

Il y a quelques années, j’étais en train d’écrire ma première pièce de théâtre : L’inversion de la courbe. Je suis allé voir pour la troisième ou quatrième fois Le Cercle des Illusionnistes d’Alexis Michalik, c’étaient vraiment les débuts, la pépinière, et je trouvais ce comédien qui était sur scène, Michel Derville, absolument génial. Je me disais « Wow, j’aimerais tellement travailler avec un comédien comme lui pour mon spectacle » mais sans jamais oser me dire « ce sera ce comédien. Puis quelques mois plus tard, je me retrouve au Festival d’Avignon, dans la file d’attente d’un spectacle et là, juste devant moi, il y a Michel Derville ! On commence à discuter. Je lui dis à quel point je l’ai admiré dans Le Cercle des illusionnistes. A la sortie du spectacle que l’on avait tous les deux adoré, on en parle pendant une heure et je finis par lui parler de l’écriture de mon premier spectacle. Je lui ai envoyé, quelques jours plus tard je déjeunais sur sa terrasse et quelques semaines plus tard il était à bord de l’aventure. Maintenant ça fait 8 ans qu’on travaille ensemble. C’est une très belle histoire et j’espère qu’elle va durer encore longtemps. 

 

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